Une mine d'informations, un site fait avec le souci de la bienveillance pour venir en aide aux familles résidentes à l'étranger. Un grand bravo à Catherine Martel pour son travail !
www.expatsparents.fr/
0 Commentaires
Cette semaine, j’ai publié de façon intuitive un sondage Facebook : Parents d'enfants scolarisés hors système francophone : que faites-vous avec le français cet été ? Je ne pensais pas que tant de personnes auraient envie d’y répondre, à tel point que le nombre maximum de réponses lisibles a rapidement été atteint. L’idée est venue alors que j’étais en train de me demander ce que nous allions faire, nous, qui sommes incapables de mettre en place quelque chose pendant l’été ! Du coup, je me suis dit : « et chez les autres familles, que se passe-t-il ? » Et hop, je me souviens avoir vu passer la fonction Sondage sur Facebook et j’essaie pour la première fois. Voilà, pour nous, vacances après vacances, ça ne marche pas ! Et pourtant l’envie y est, les bonnes intentions aussi … Une fois la première quinzaine passée, nous sommes reposés et nous (les enfants et moi) avons l’énergie pour nous « attaquer » au français écrit. Mais très vite la règle de la demi-heure de français après le petit déjeuner s’effondre (c’est la seule qui avait réussi 2 jours de suite).
Pourquoi ? Parce que nous sommes en mode itinérant pendant 3 autres semaines. D’étapes en étapes pour aller rendre visite à nos parents, le compteur de la voiture prend plusieurs milliers en plus. Sur notre chemin, il n’y a que des points-retrouvailles entre amis, entre ex-collègues, entre familles. La priorité reste sociale. Nous qui sommes très mauvais pour garder le contact une fois éloignés, il ne nous semble pas possible d’imposer à nos hôtes nos exigences « Excusez-nous, là maintenant, on doit faire du français ». Je veux profiter de mes vieux amis, vous savez ceux qu’on n’a pas perdus malgré la distance, ceux dont on n'ose à peine dire (tellement ça fait vieux !) que ça fait 20 ans maintenant qu’on les connaît. Ces moments de retrouvailles valent de l’or, ils me ressourcent, ils me font vibrer, ils rechargent mes batteries. J’ai l’impression de rattraper le temps perdu, de suivre mes proches de nouveau, de partager leur vie, leur routine, peu importe le programme. On ne passe pas les voir pour faire du tourisme. Les heures et les jours avec chacun d’entre eux sont d’ailleurs souvent comptés, je veux être avec eux. Alors, non, il n’y a pas de place pour faire de l’orthographe, sauf entre 2 points géographiques, en voiture, encore faut-il que tout le monde soit disposé et en forme, bref, cela reste très aléatoire ! Alors, non, même si on a le temps et l’énergie pour le français, il n’y a pas de place pour lui. Réservons-le à la routine calée sur l’année scolaire ! Là, chez nous, ça marche … En tant que maman-prof, je me dois de penser que c’est la fluidité orale de mes zouzous qui s’améliore le temps de notre séjour en France. D’ailleurs, ils en ont bien besoin ! J’ai certes un petit pincement au cœur …. Tout ce temps, toute cette énergie… Je suis quand même tentée de mettre dans les bagages les cahiers d’exercices. Qui sait, cette année peut-être ? Et puis, tiens, non, je dois en faire mon deuil ;-) ! En fait, vous la connaissez peut-être sous un autre nom ou sans nom du tout ... On la pratique en classe de langues étrangères et je l'ai personnellement connue lors de mes formations pour aider les élèves dyslexiques. Alors voilà : • Diviser une feuille A4 en colonnes d'égale largeur
• Écrire dans la première colonne les mots dans la langue de l'école de votre enfant. dont il faut apprendre l'orthographe en français. • Traduire ces mots en français dans la seconde colonne. Mots bien orthographiés ! • Après avoir bien parcouru l'orthographe des mots français, cacher la colonne en pliant la feuille, puis traduire à nouveau dans la langue de l'école dans la 3e colonne les mots français de la 2e colonne. • Déplier la feuille pour procéder à une auto-correction. • Poursuivre la manœuvre en alternant français et langue de l'école et en cachant à chaque fois les anciennes colonnes par pliage jusqu’à réussir une colonne parfaite, sans faute de traduction, ni d’orthographe. _____________________________________________________ Aux Papas qui habitent depuis plusieurs années hors de leur pays, quelque part en Europe ou sur un autre continent, Aux Papas fiers d’avoir fondé une famille au sein d’un couple mixte (avouez que ce terme n’est pas des mieux choisis… mais j’en parlerai une autre fois), Aux Papas qui maîtrisent tellement bien la langue locale ou bien celle de la maman que leur enfant a, très jeune, compris qu’il n’était pas la peine de faire autant d’effort pour parler français avec eux, « Papa, Je voudrais te dire que je ne veux pas que tu sois fâché (parfois, tu n’es pas fâché mais je vois bien que ça t’énerve), quand tu me parles en français et que je te réponds dans la langue de Maman. Puisque tu comprends tout ce que je dis à Maman, à quoi ça sert que je m’exprime en français ? Tu sais, les mots qui sortent de ma tête et de ma bouche en premier sont ceux que j’utilise avec mes copains, mes maîtresses et Maman. D’ailleurs, Papa, toi aussi tu te fais prendre au piège de ton cerveau : combien de fois tu t’adresses à moi dans la langue de maman sans t’en apercevoir ! Moi, je crois que le cerveau, c’est une espèce d’animal indomptable d’une intelligence méga XL ! Il ordonne des trucs qu’on ne contrôle pas. C’est pas que je ne veux pas te parler en français, c’est que l’animal m’envoie ce qu’il y a de plus rapide à sortir. Et puis, il y a toutes ces soirées où, Papa, tu rentres tard : je suis déjà en pyjama, prêt à aller me coucher, on joue un peu ensemble et hop, c’est l’heure pour moi d’aller au lit. Tout le monde est fatigué… J’ai passé plus de temps à parler avec maman dans sa langue à elle. Alors, je suis déjà entraîné. Je n’ai pas envie de chercher mes mots en français. Moi, Papa, je veux jouer avec toi et te montrer des choses avant d’aller me coucher, pas de temps à perdre pour personne. Papa, tu comprends tout ce que je dis : pour moi c’est le plus important !
Du coup, même si je comprends bien le français, j’ai de plus en plus de mal à le parler. Je sens bien que ça devient difficile, surtout lorsque je suis en contact avec la famille française. Les cousins, par exemple, ils utilisent des mots que je ne connais pas. Tu as remarqué que parfois je cherche mes mots… Je me sens un peu idiot… Je t’ai même déjà demandé dans le creux de l’oreille : « Papa, comment on dit « …… » en français ? » Alors, après les vacances, quand je suis de retour chez nous, tout va mieux en français. Papa, tu me parles davantage dans ta langue, je te réponds aussi en français. On est tous un peu fiers. Puis, l’école reprend, ton travail aussi. Je te vois moins souvent, je passe beaucoup de temps avec Maman, et le cerveau nous refait ses entourloupes ! Et on se comprend ! Et pour moi, c’est bien ça qui compte ! Ton fils adoré. » |
AuteurCécile Guenebaut, spécialiste de l'enseignement du français auprès des enfants francophones scolarisés hors système francophone. Catégories
Tous
Archives
Décembre 2020
|
Cecile guenebaut© 2021 Cécile Guenebaut- Tous droits réservés
|
|